Le style Art-Déco à Reims.
Reims, surnommée « capitale française de l’Art Déco », offre un patrimoine unique né de sa reconstruction post-1918. Ses bâtiments, éclectiques et richement décorés, témoignent d’une période d’effervescence créative. Des lieux comme la Bibliothèque Carnegie, l’Opéra ou la Villa Demoiselle attirent amateurs d’architecture et touristes, soutenus par des initiatives locales pour préserver cet héritage.
Le style Art Déco à Reims s’est épanoui principalement après la Première Guerre mondiale, lors de la reconstruction de la ville, détruite à plus de 60 % à la sortie de la guerre. Des grands travaux de reconstruction ont alors lieu pendant la période d’entre deux guerre.
Ce mouvement artistique, qui succède à l’Art nouveau, se caractérise par des formes géométriques épurées, une symétrie harmonieuse, et l’utilisation de matériaux variés comme le béton, le marbre, la pierre calcaire ou le moellon. À Reims, il se distingue par son absence d’unité stylistique stricte, mêlant mosaïques, ferronneries, sculptures et verrières, souvent ornées de motifs floraux ou champenois comme la vigne et le vin.
Tout le long de votre visite à travers les rues de Reims, vous pouvez voir des habitations typiques avec des façades au style architectural Art-Déco. Cette balade au cœur de Reims vous replonge dans les années 1920. De grands bâtiments sont également des magnifiques exemples de cette période architecturale : les halles centrales, la bibliothèque Carnegie, le Palais du Tau… Une magnifique verrière est également à voir à l’intérieur du café du Palais…
Contexte historique
Reconstruction post-1918
Après la guerre, Reims, dévastée (80 % des bâtiments détruits, dont 11 800 immeubles sur 13 800), devient un terrain d’expérimentation pour l’Art Déco, particulièrement entre 1920 et 1930, avec un pic en 1923-1924. La ville obtient le plus grand nombre de permis de construire en France durant cette période, dépassant même Paris.
Urbanisme et architectes
Marcel Forestier, directeur des travaux de reconstruction de 1921 à 1929, joue un rôle clé dans la planification urbaine, suivi par Louis Sollier. Des rues comme le cours Jean-Baptiste-Langlet (entièrement nouveau) ou la rue de Talleyrand (reconstruite) deviennent des vitrines de l’Art Déco.
Caractéristiques du style Art Déco à Reims
Matériaux et ornements
Les bâtiments Art Déco rémois utilisent des matériaux modernes comme le béton, associés à des décorations sophistiquées : mosaïques (ex. : rue du Temple), ferronneries (par Edgar Brandt, Raymond Subes, Roze), et sculptures (par Paul Berton, Carlo Sarrabezolles, entre autres). Les motifs géométriques et floraux, souvent inspirés du terroir champenois, dominent.
Éclectisme
Contrairement à d’autres villes, il n’existe pas de quartier Art Déco spécifique à Reims. Les bâtiments sont disséminés, principalement au centre-ville, avec des esthétiques variées reflétant la liberté des architectes.
Bâtiments emblématiques
Bibliothèque Carnegie (1928)
Financée par Andrew Carnegie, ce chef-d’œuvre conçu par Max Sainsaulieu incarne l’Art Déco avec son allure de temple grec, ses mosaïques, son lustre monumental et ses verrières par Jacques Grüber. Classée monument historique, elle abrite une collection de livres anciens et une salle de lecture ornée d’une verrière symbolisant un livre ouvert.
Halles du Boulingrin
Une structure en béton impressionnante avec une voûte de 38 mètres, classée monument historique.
Opéra de Reims (rénové en 1931)
Bien que l’extérieur soit néo-classique, l’intérieur, décoré par Marcelle Sollier, est résolument Art Déco, avec des ferronneries d’Edgar Brandt et une fresque de René Rousseau-Decelle sur les arts du théâtre.
Église Saint-Nicaise (1923)
Située dans la cité-jardin du Chemin Vert, classée monument historique, elle est ornée par des artistes comme Maurice Denis, René Lalique et Gustave Jaulmes, avec des lucarnes florales de Jacques Simon.
Villa Demoiselle (1904-1908)
Conçue par Louis Sorel, elle mêle Art nouveau (intérieur) et Art Déco (façades), restaurée par Paul-François Vranken en 2004. C’est un exemple rare de transition stylistique.
Hôtel de la Mutualité (1927)
Sur le cours Jean-Baptiste-Langlet, conçu par Albert Cuvillier et Ferdinand Amann, avec ferronneries et bas-reliefs.
Au Petit Paris (1924)
Rue de Talleyrand, par Marcel Dastuque et Paul Viard, avec une verrière remarquable.
Ancien Cinéma Eden
Sa façade Art Déco, conservée dans une résidence moderne, illustre la préservation du patrimoine.
Acteurs majeurs
Architectes
Jacques Rapin, Marcel Dastuque, Paul Viard, André Ragot, Lucien Gillet, Albert Cuvillier, Max Sainsaulieu, entre autres.
Artistes
Les ferronniers (Edgar Brandt, Raymond Subes), sculpteurs (Paul Berton, Carlo Sarrabezolles) et maîtres-verriers (Jacques Grüber, René Lalique, Jacques Simon) ont marqué les décors intérieurs et extérieurs.
Rôle des mécènes
Les financements, notamment américains (ex. : Carnegie), ont permis des projets ambitieux comme la bibliothèque Carnegie.
Héritage et valorisation
Tourisme et visites
Reims propose des circuits pédestres Art Déco guidés, comme ceux de l’Office de Tourisme, allant de la Bibliothèque Carnegie aux Halles du Boulingrin ou à la cité-jardin du Chemin Vert. Ces visites mettent en lumière l’histoire de la reconstruction et les détails architecturaux.
Événements récents
En 2025, Reims célèbre le centenaire de l’Art Déco avec des initiatives comme le parcours « Art Déco urbain 1925-2025 », mêlant patrimoine et street art.
Particularités rémoises
Symboles locaux
Les décorations intègrent souvent des motifs liés au champagne, à la vigne et aux sacres royaux, ancrant l’Art Déco dans l’identité champenoise.
Modernité et tradition
L’Art Déco rémois reflète une foi dans le progrès tout en s’inspirant de symboles régionaux, créant un équilibre entre modernité et héritage.